VIE DE L'APÔTRE PAULVIII
VIE DE L' APÔTRE PAUL VIII
Deuxième voyage missionnaire (suite)
e) Thessalonique (Actes
17/1-10)
Luc ne donne pas de détails sur le passage à
Amphipolis et Apollonie. Par ailleurs le « nous » du chapitre
précédent est absent de celui-ci. Peut-être que Luc n’ayant pas été inquiété
lors des troubles survenus à Philippes est resté là-bas pour affermir la foi
des nouveaux croyants.
On sait plus de choses, par
contre, sur ce qui s’est passé à Thessalonique, à la fois par le livre des
Actes et par la première épître aux Thessaloniciens. Nullement découragés par
ce qu’ils viennent de subir Paul et ses compagnons poursuivent inlassablement leur œuvre :
Après avoir souffert et reçu des outrages à Philippes,
comme vous le savez, nous prîmes de l'assurance en notre Dieu, pour vous
annoncer l'Évangile de Dieu, au milieu de bien des combats.1 Thess2/1 Dans cette ville, il y a une synagogue. Paul
peut donc y pratiquer sa méthode habituelle d’évangélisation : d’abord les
juifs, ensuite les païens. Son message est simple : les Ecritures annonçaient
que lorsque le Christ viendrait, il souffrirait, serait mis à mort et
ressusciterait. Jésus a accompli ces prophéties. C’est donc bien lui qui est le
Christ que tous les juifs attendent. Si cela peut se résumer en peu de mots,
Paul rappellera dans 1 Thessaloniciens 1/5 que sa prédication était également
accompagnée de la puissance du Saint Esprit et donnée avec une pleine
persuasion. Résultat : Des cœurs sont touchés et on assiste à la naissance
d’un groupe de croyants : quelques juifs, une grande multitude de grecs et
beaucoup de femmes de qualité. Mais, comme en de nombreux autres endroits,
l’opposition va se manifester. Ce sont les juifs qui la déclenchent mais ils
utilisent le même genre d’arguments qui a déjà eu, à Philippes, un impact si
important pour soulever les
foules : atteinte à la domination romaine. Au passage, cependant, ils
reconnaissent la puissance de l’Evangile : « ces gens ont bouleversé
le monde ». Il en est souvent ainsi : les plus virulents opposants
sont souvent ceux qui font la publicité la plus efficace.
Finalement l’émoi est si grand
à Thessalonique que Paul et Silas ne peuvent poursuivre leur tâche et doivent
s’enfuir de nuit. Pourtant, ils laissent derrière eux une église solide. 1
Thessaloniciens 1/6-10. On est émerveillé de constater tout ce que ces gens ont
compris en si peu de temps : accueil de la parole, conversion, abandon des
idoles, consécration au service de Dieu, attente du retour du Seigneur et foi
rayonnante connue au près comme au loin, malgré « beaucoup de tribulations ».
Quand on voit dans cette lettre tout l’amour que Paul éprouvait pour ces
nouveaux frères et sœurs ( 1 Thess 2/6-20) on imagine la peine qu’il devait
ressentir en les quittant et on comprend qu’il a fallu toute l’affectueuse
insistance des frères pour le faire partir en cachette.
f) Bérée Actes 17/10-14)
Ce
fut sans doute un grand réconfort pour Paul de rencontrer dans cette ville des
Juifs ouverts à l’Evangile, recevant la Parole avec empressement, mais en même
temps sérieux et soucieux de fonder leur foi sur les Ecritures, au point que
chaque jour, ils comparaient ce qui leur était prêché avec le texte sacré pour
vérifier l’exactitude du message qu’on leur transmettaient. Luc qualifie leur
attitude de sentiments nobles. Et aujourd’hui, nous qui avons librement accès à
toute la Bible, sous différentes formes et différentes versions, n’avons-nous
pas aussi la responsabilité de sonder la Parole ? croyons- nous pouvoir
nous dispenser d’un examen soigneux de ce qui nous est enseigné ou pensons nous
pouvoir recevoir tout en bloc, les yeux fermés pour peu qu’on parle de Jésus et
de la Bible ? Nous sommes avertis qu’il viendra des faux docteurs qui
entraîneront les croyants mal affermis loin des voies droites du Seigneur, par
des discours séduisants et parfois même des miracles mensongers.(2 Pierre
2/1 ; 2 Thess 2/9) Dieu veut que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de
doctrine.(Eph 4/14) C’est
pourquoi il est vital que nous soyons des familiers de la Parole de Dieu, que
nous nous en nourrissions jour après jour sans relâche.
Malheureusement, Bérée est encore trop près de
Thessalonique et les juifs de cette ville sont si virulents contre Paul qu’ils
viennent jusque là pour le pourchasser. Comme c’est principalement contre
l’apôtre qu’ils en ont, on le fait partir par mer, ainsi il est plus difficile
de savoir vers quelle destination il est allé et de l’y rejoindre. Par contre
Silas et Timothée ont la possibilité de rester encore un peu à Bérée pour
poursuivre le travail entrepris.
g) Athènes
Paul
se retrouve donc seul à Athènes, attendant que ses compagnons le rejoignent.
Mais pas question pour lui de rester inactif. Il parcourt longuement cette
ville réputée à l’époque comme centre des arts, de la culture, de l’éloquence
et de la philosophie. Pourtant il ne prend aucun plaisir à admirer la beauté de
ses sculptures ou la splendeur de son architecture. Bien au contraire, son
irritation intérieure ne fait que grandir au fur et à mesure qu’il découvre le
foisonnement de temples et d’autels, témoins d’une idolâtrie qui autorise toutes les convoitises, les
dépravations, les choses honteuses et malhonnêtes. Face à tant d’ignorance, il
entreprend de communiquer la vérité aux juifs dans la synagogue et aux grecs
dans les places publiques, les uns et les autres ayant également besoin de
connaître la bonne nouvelle du salut.
Inévitablement, il
se heurte aux philosophes qui faisaient la gloire de cette grande métropole.
Ceux-ci appartenaient à des courants de pensée contradictoires : Les
épicuriens croyaient qu’on parvenait au bien le plus élevé en satisfaisant sans
réserve ses propres désirs tandis que les stoïciens pensaient qu’on atteignait
le bien suprême en s’imposant une disciple stricte qui réprimait toute
recherche du plaisir. Bien que résolument opposés les uns aux autres, ils se
retrouvèrent unis pour réagir contre la prédication de Paul. (Cela rappelle un
peu Hérode et Pilate qui d’ennemis sont devenus amis quand il s’est agi de
condamner Jésus…). Comme le message qu’ils entendent est considérablement
éloigné de se qu’ils connaissent, certains se moquent et traitent Paul de
discoureur, d’autres interprètent à leur façon : il annonce des divinités
étrangères. Quel chrétien n’a pas été étonné un jour de découvrir de quelle
manière erronée, l’ami avec lequel il partageait l’évangile avait interprété
ses paroles ? Chacun les reçoit avec son arrière-plan de connaissances et
de croyances. Et il n’est jamais inutile d’insister même sur ce qui parait
évident pour s’assurer qu’on est bien compris.
Finalement, c’est
sans doute avec peu de ménagement qu’ils conduisent Paul à l’Aréopage. Ce mot
signifie colline d’Arès (dieu de la guerre). C’était là que siégeaient le
conseil et le tribunal d’Athènes. Et l’apôtre va devoir s’expliquer devant les
responsables de la cité ainsi qu’une foule hétéroclite de curieux.
Le discours de Paul à l’aréopage d’Athènes est
particulièrement remarquable et devrait nous inspirer dans notre communication
de l’évangile. Nous avons vu qu’à Thessalonique, dans la synagogue, Paul
s’était appuyé sur les prophéties bibliques pour conduire son auditoire à
Christ. Ici Paul part de la culture grecque et de sa mythologie. Il sait qu’ils
ont des dieux en grand nombre ayant chacun des caractéristiques bien
particulières mais il a remarqué un « autel à un Dieu inconnu ». Cela
signifie que ces gens sont conscients de ne pas tout connaître et cela va lui servir de levier pour
présenter le seul vrai Dieu. Il le décrit en tout premier lieu comme le Dieu
créateur du monde et de tout ce qu’il contient. La conséquence logique est
qu’un Dieu si grand ne peut habiter
dans une demeure faite par les hommes. Il dispense la vie, le souffle et
toutes choses, il n’a donc besoin de rien de la part des hommes. Ce sont eux
qui dépendent de lui. Il est le souverain qui gère les temps et les
circonstances, Seigneur du ciel et de la terre. Pour ses auditeurs,
c’est tout l’opposé de ce qu’ils connaissent des dieux de l’Olympe, faits d’or,
d’argent, de pierre...
Ce
grand Dieu est aussi un Dieu de patience : Il voulait que les
hommes le recherchent et se soumettent à lui. Mais ils l’ont exclu de leurs
préoccupations. Pourtant contrairement aux divinités païennes agitées par
toutes sortes de passions débridées, il ne laisse pas éclater sa colère, il
décide de passer par-dessus ces temps d’ignorance et de se révéler à eux de
façon éclatante.
C’est
également un Dieu de justice : le jour viendra où il faudra rendre
des comptes et le seul moyen d’être en règle c’est de se repentir.
Il ne
s’agit pas d’adopter aveuglément une nouvelle doctrine. Dieu a donné une
preuve certaine de son approbation sur Jésus le sauveur en le ressuscitant
des morts.
Ce
sermon provoque trois sortes de réactions différentes, les mêmes que celles
qu’on observe à notre époque :
-
Certains
se moquent, méprisent, refusent l’appel qui leur est adressé en invoquant
des prétextes variés.
-
D’autres
remettent la décision à plus tard. (Il semble que Paul ne soit pas resté très
longtemps à Athènes. Ont-ils jamais eu l’occasion d’entendre une autre
fois ?…) c’est une attitude des plus hasardeuse et risquée.
-
D’autres
croient et s’attachent à Paul. Ils vont devenir l’église locale. Croire ne
suffit pas. Il faut s’attacher, s’engager, accepter un changement radical,
devenir membre du corps de Christ.
Prions
avec persévérance pour que chaque fois que le salut est annoncé, que l’appel à
la repentance est lancé, il y ait des Denys, des Damaris, des hommes et des
femmes qui croient et s’attachent.