LA VIE D'ABRAHAM - SACRIFICE A MORIJA (suite)
E/ SACRIFICE
A MORIJA (suite)
b) L’obéissance
d’Abraham
22/3-5 Abraham se leva de bon matin, sella son
âne, et prit avec lui deux serviteurs et son fils Isaac. Il fendit du bois pour
l'holocauste, et partit pour aller au lieu que Dieu lui avait dit.
Le troisième jour,
Abraham, levant les yeux, vit le lieu de loin
Et Abraham dit à ses serviteurs : Restez ici avec l'âne ; moi et le
jeune homme, nous irons jusque-là pour adorer, et nous reviendrons auprès de
vous.
Abraham était donc prêt à obéir à Dieu en lui faisant
confiance pour accomplir ses promesses. Mais comment partager cette confiance avec son
entourage ou même sa propre épouse. Abraham savait qu’en cette circonstance,
c’était à lui seul d’agir afin que nul ne le dissuade d’obéir à Dieu. Il avait
des centaines de serviteurs à sa disposition. Mais il s’est chargé seul des
préparatifs nécessaires à l’holocauste. Pour cela, il se leva de bon matin,
fendit lui-même le bois, mit des braises dans un vase… Que de tortures
intérieures a-t-il du éprouver en faisant ces préparatifs, mais sa foi n’a
aucunement été ébranlée ni au départ ni pendant les trois jours qu’a duré le
voyage.
Quelle sorte de foi l’habitait pour oser promettre
aux serviteurs, nous reviendrons ? Le secret d’Abraham nous est
dévoilé en Hébreux 11/17 :C'est par la foi qu'Abraham offrit Isaac,
lorsqu'il fut mis à l'épreuve, et qu'il offrit son fils unique, lui qui avait
reçu les promesses, et à qui il avait été dit : En Isaac sera nommée pour toi
une postérité. Il pensait que Dieu est puissant, même pour ressusciter les
morts ; aussi le recouvra-t-il par une sorte de résurrection.
Les
serviteurs se sont arrêtés au pied de la colline avec l’âne. Peut-être que le
chemin était trop escarpé ou les buissons trop touffus pour l’animal. Mais
surtout, Abraham savait que parvenus au sommet, les serviteurs n’auraient
jamais admis qu’il lie son fils unique
sur l’autel pour le sacrifier à son Dieu. Ils auraient fait l’impossible pour
l’en empêcher. Il fallait donc que les serviteurs s’arrêtent en bas de la colline ;
et le prétexte de garder l’âne était tout trouvé pour les contraindre à
attendre patiemment le retour de leur maître. L’âne dans la Bible est souvent
l’image de notre nature butée et têtue qui refuse de se soumettre à la volonté
de Dieu :
1Cor 2/14 Mais
l'homme animal ne reçoit pas les choses de l'Esprit de Dieu, car elles sont une
folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c'est spirituellement
qu'on en juge.
Quant aux serviteurs, si attachés qu’ils aient pu être à leur maître,
ils ne connaissaient pas son Dieu comme lui le connaissait. Ils bénéficiaient
de la grâce qui reposait sur Abraham et sur les siens en raison de la foi de
cet homme de Dieu. Mais eux-mêmes ne suivaient que parce que leur subsistance
en dépendait. Ils sont l’image des croyants légalistes qui servent Dieu comme
par contrainte, qui ne perçoivent les choses d’En-Haut que dans la mesure où
elles leur paraissent rationnelles mais qui ne sont jamais rentrés dans
l’intimité du Père. L’âne et les deux hommes qui le gardaient ne
pouvaient donc être associés à l’expérience unique qui allait se dérouler sur
la montagne lorsque Dieu se manifesterait. Notre chair n’a pas le droit de
s’ingérer dans les choses saintes. Elle ne peut sonder les mystères de Dieu
Rom 8/7-8 Car
l'affection de la chair est inimitié contre Dieu, parce qu'elle ne se soumet
pas à la loi de Dieu, et qu'elle ne le peut même pas. Or ceux qui vivent selon
la chair ne sauraient plaire à Dieu.
Servir Dieu dans
un esprit d’amour est quelque chose de fondamentalement différent. C’est ce
qu’Abraham avait expérimenté. Et c’est pourquoi Abraham choisi par Dieu pu être
appelé ami de Dieu :
Abraham, notre père,
ne fut-il pas justifié par les oeuvres, lorsqu'il offrit son fils Isaac sur
l'autel ?
Tu vois que la foi agissait avec ses oeuvres, et que par
les oeuvres la foi fut rendue parfaite. Ainsi s'accomplit ce que dit l'Écriture : Abraham
crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice ; et il fut appelé ami de Dieu.
Jacques 2/22-23
Il est dans
la vie des circonstances où nos efforts, notre raisonnement, nos bonnes
dispositions même peuvent devenir des obstacles à l’œuvre de Dieu et où nous
devons capituler. Ce n’est que lorsque nous arrivons au bout de nous mêmes que
Dieu est libre d’agir en nous. Où sont les disciples qui ne contestent plus au
sujet de la volonté de Dieu pour eux, quels sont les vrais adorateurs que le
Seigneur recherche, les chrétiens qui parviendront jusqu’au sommet de leur
marche avec Dieu ? Ce sont ceux qui laissent l’âne c'est-à-dire la chair, la
vieille nature au pied de la montagne, ceux qui placent leur confiance en Dieu
au dessus de leurs raisonnements et qui s’avancent sans faiblir sur le chemin
que Dieu leur trace pour parvenir à la cime, parce qu’ils ont un rendez-vous
avec leur Seigneur. Le plan de Dieu est de faire de nous ses amis, de ceux qui
ont en lui une foi inébranlable, cette foi qui se traduit par des œuvres et une
obéissance qui glorifient notre maître, de ceux avec qui il peut partager ce
qui est dans son cœur. « Je vous ai appelés amis, parce
que je vous ai fait connaître tout ce que j'ai appris de mon Père. Ce n'est pas vous qui m'avez
choisi ; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous
alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que ce
que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne ». Jean 15/15-16
Au Mont Morija, Abraham allait rentrer plus intimement
dans la révélation de l’amour de Dieu mais les serviteurs demeurés étrangers à
cet amour ne pouvaient que rester au pied de la montagne à tenir compagnie à
l’âne en attendant le retour de leur maître. Préférons-nous tenir compagnie à
l’âne, nous accrocher aux raisonnements humains qui n’admettent pas les
mystères de Dieu, nous contenter d’une vie chrétienne au rabais, ou nous
engager résolument dans la vie de la foi pour parvenir jusqu’au sommet quitte à
payer le prix de l’obéissance suprême et du sacrifice ?