VIE D'ABRAHAM - II/G UNE ÉPOUSE POUR ISAAC
G/ UNE EPOUSE POUR ISAAC
Genèse 24
Ce chapitre qui nous relate une des plus belles histoires
de la Bible est si riche qu’il peut être lu et médité à plusieurs niveaux. Nous
nous intéresserons d’abord aux personnages de cette scène. Puis nous
réfléchirons à la valeur typologique de ce passage.
Abraham
Nous retrouvons Abraham à la fin de ses jours et comblé de
toutes sortes de bénédictions. C’est le résultat d’une vie de foi et
d’obéissance, non exempte de chutes et de faux pas mais toujours fidèle à
l’appel reçu de nombreuses années en arrière.
Cependant, l’abondance de bénédictions dont Dieu l’a
comblé ne le fait pas tomber dans une satisfaction passive. Il se montre un
homme sage et soucieux de préparer ce qui viendra après lui, sur la base des
promesses de Dieu comme l’a fait David lorsqu’il a passé le flambeau à son fils
Salomon.
La mort de Sarah lui a sans doute fait prendre conscience
qu’il allait bientôt partir lui aussi et qu’il fallait s’occuper de la
postérité promise. Isaac doit se marier pour que naisse cette postérité
nombreuse comme le sable de la mer et comme les étoiles du ciel. Mais pas
n’importe comment, pas avec n’importe qui. La future épouse sera associée à
Isaac dans l’accomplissement des plans divins, comme Sarah l’a été à Abraham. Le
vieux père réalise donc qu’il s’agit là d’une étape des plus importante et il
en a certainement parlé avec Dieu avant d’en parler à son serviteur puisqu’il
affirme : « Le Dieu du ciel (qui…qui…qui…) –sous entendu : celui
que je connais bien, qui est mon conseiller et mon ami- enverra son ange devant
toi ». Puisque Dieu s’est révélé dans sa famille et dans sa patrie, c’est
aussi de là, plutôt que des nations païennes qui l’entourent que doit venir
celle qui s’unira à Isaac pour former une seule chair. Il a déjà compris ce que
l’apôtre Paul enseignera plus tard aux chrétiens de Corinthe : Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger. Car quel rapport y a-t-il entre la justice et
l'iniquité ? ou qu'y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ?
2 Cor 6/14 Peut-être se souvient-il aussi de la malheureuse expérience de Lot
avec les cananéens de Sodome. De plus Dieu lui a promis que cette terre
appartiendrait à sa postérité et que les cananéens en seraient dépossédés.
L’héritage ne peut donc leur revenir par le biais du mariage d’Isaac.
Il insiste pour qu’en aucun cas, Isaac ne soit remmené en
Mésopotamie. Pour lui, il n’y a aucun retour en arrière possible. Les promesses
que Dieu lui a faites ont pour cadre ce pays et il refuse le risque qu’Isaac
s’en détourne.
Plus tard, lorsque le serviteur parle de son maître dans
la maison de Béthuel et qu’il rapporte ses paroles, il lui fait dire :
« L’Eternel devant qui j’ai marché… » Abraham avait mis toute sa vie
sous le contrôle de Dieu. Il n’y avait rien de caché ; sa vie était comme
un livre ouvert devant Dieu ; il parlait avec lui de tout ce qui le
concernait. C’est pour cela qu’il pouvait être rempli d’assurance en proclamant
« Dieu fera réussir ton voyage ». Ce sont là les dernières paroles
d’Abraham que la Bible nous rapporte. Elles sont en quelque sorte son
testament.
A nouveau, dans cette démarche, Abraham est pour nous
un exemple de foi et de soumission à Dieu. Quelle bénédiction, quel repos de
l’âme et quelle assurance nous trouvons quand tous les détails de nos vies sont
soumis à la souveraineté de Dieu.
Le serviteur
Il n’est pas nommé ici mais il est désigné comme le plus
ancien de la maison d’Abraham, l’intendant de tous ses biens. Il a donc un long
vécu dans la compagnie du patriarche, il a eu le temps de s’imprégner de sa foi
et de sa façon de diriger sa vie et son maître a toute confiance en lui.
Abraham sait qu’en l’envoyant dans sa parenté c’est comme s’il y allait
lui-même. Il saura parler et agir comme lui-même l’aurait fait. La mission
qu’Abraham confie à son serviteur est délicate, aller chercher une épouse pour
Isaac dans un pays très éloigné, et l’homme pose toutes les questions
nécessaires pour bien comprendre ce qu’on attend de lui et bien accomplir la
volonté de son maître. Dans le dialogue est soulignée l’importance de
l’assentiment de la jeune fille. Il n’est pas mandaté pour contraindre mais
simplement pour demander, proposer. L’affirmation : l’Eternel lui-même
enverra son ange devant toi, lui donne l’assurance nécessaire pour entreprendre
ce long et périlleux voyage.
Arrivé dans la
ville de Nachor, il aurait pu se renseigner auprès des habitants du pays,
demander où était la maison du frère d’Abraham… Mais il préfère prier et se
mettre sous la dépendance de Dieu car ainsi, il est sûr de ne pas se tromper.
Pour lui, il ne s’agit pas de trouver une épouse pour Isaac mais de trouver
« celle que Dieu lui a destinée ». Dans sa requête, le signe qu’il
demande est audacieux. S’il avait seulement demandé qu’une jeune fille accepte
de lui donner de l’eau quand il demande à boire cela n’aurait pas été un signe
car dans ces pays chauds donner à boire à un voyageur est un geste de politesse
élémentaire. Mais que spontanément la jeune fille propose d’abreuver dix
chameaux, voila qui était plus exceptionnel. Dieu honore la foi de ce serviteur
et donne l’exaucement avant même qu’il ait fini de prier. Avant qu'ils m'invoquent, je répondrai ;
Avant qu'ils aient cessé de parler, j'exaucerai. Esaie 65/24 Cependant le serviteur ne se précipite pas,
il observe, les paroles ne lui suffisent pas, il attend qu’elle aille jusqu’au
bout de ce qu’elle a promis : « L'homme la regardait avec étonnement et sans rien dire, pour voir si
l'Éternel faisait réussir son voyage, ou non. » Et la façon
d’agir de Rébecca achève de le convaincre qu’elle est bien celle que Dieu a
choisie. Quand elle révèle qu’elle est fille de Béthuel, le serviteur se répand
en actions de grâce devant Dieu en se prosternant sur place
Quel exemple pour nous que ce serviteur :
fidélité, obéissance, dépendance de Dieu, demande d’un signe vraiment
convaincant, absence de précipitation, remerciements pour l’exaucement.
Retrouvons à présent le serviteur dans la famille de
Rébecca. Il est reçu chaleureusement. On lui sert à manger. Il ne peut qu’être
épuisé et affamé après ce si long voyage. Mais il fait encore passer la mission
dont il est chargé avant ses besoins personnels les plus légitimes : Je ne mangerai point, avant d'avoir dit ce que
j'ai à dire. Il ne veut pas
jouir de l’hospitalité de ses hôtes sans leur avoir exposé clairement le but de
sa visite. Ses paroles qui témoignent de la prospérité d’Abraham, de sa fierté
de lui appartenir et de le servir, et de sa dépendance à l’égard de Dieu
amènent la famille qui le reçoit à reconnaître tout de suite qu’il agit sous
les ordres de Dieu lui-même et à s’y soumettre.
Dieu est
glorifié dans nos vies si chacun peut constater que c’est le Seigneur qui nous
guide, à l’exclusion de toute motivation personnelle.
A peine a-t-il reçu
la réponse favorable qu’il espérait que le serviteur d’Abraham se prosterne à
nouveau devant l’Eternel pour lui exprimer sa reconnaissance. Puis il distribue
les cadeaux qu’il a apportés. Ce n’est qu’après s’être acquitté de sa mission,
s’être tourné vers Dieu et vers les autres qu’il consent enfin à se restaurer.
Dès le lendemain il
est prêt à repartir vers son seigneur. La tentation a du être grande d’accepter
de se reposer quelques jours ; après tout, Abraham et Isaac n’étaient plus
à dix jours près. Mais sa qualité de serviteur fidèle se voit encore ici dans
son zèle et sa diligence. Il ne se laisse pas retarder, même s’il sait, d’ores
et déjà que sa mission est réussie. Il ne se reposera que lorsqu’il aura remis
l’épouse entre les mains de son époux et rendu compte à son maître.
En tant que serviteurs de l’Eternel, notre engagement
et notre fidélité doivent aussi se montrer par un zèle sans relâchement : Galates 6:9 Ne nous lassons pas de faire le bien ; car nous moissonnerons au temps convenable, si nous ne nous relâchons
pas.
Rebecca
Ce qui frappe tout de suite chez cette jeune fille, plus
que sa beauté physique qui est cependant mentionnée, ce sont les traits de son
caractère : elle est aimable, serviable, prévenante, désintéressée,
attentive aux besoins de l’autre. Elle donne au-delà de ce qui lui a été
demandé.
Luc 17/10 Quand vous avez fait tout ce
qui vous a été ordonné, dites : Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons
fait ce que nous devions faire.
On voit qu’elle agit avec son cœur car elle court, elle
se hâte. Elle ne considère pas cette circonstance imprévue qui vient perturber
ses projets comme une cause de contrariété, elle ne se soumet pas en
« traînant les pieds » à ce qu’elle sait être son devoir, mais elle
parait heureuse d’aider, de servir. Elle honore cet
inconnu en se faisant sa servante. Ces dispositions de cœur sont de celles qui
plaisent à Dieu :
Matthieu
10:42 Et quiconque
donnera seulement un verre d'eau froide
à l'un de ces petits parce qu'il est mon disciple, je vous le dis en vérité, il
ne perdra point sa récompense.
Cette promesse se réalise sans tarder pour Rebecca. Elle
est comblée de cadeaux.
Et voilà qu’on la demande en mariage ; mais c’est
une demande peu ordinaire. Elle doit accepter son futur époux sans jamais
l’avoir vu, ni lui avoir parlé, sans rien connaître pratiquement ni de lui, ni du
lieu où elle devra habiter désormais. Cependant comme les autres membres de sa
famille, elle a reconnu dans les paroles du voyageur la signature inimitable de
Dieu, et cela lui suffit. Elle ne tergiverse pas dans son obéissance à ce
qu’elle reconnaît comme un appel d’En Haut. Comme Abraham autrefois, à son tour
elle quitte tout, son pays, sa famille. Guidée par le serviteur, elle s’avance
sans crainte à travers de grandes étendues désertiques, vers l’avenir que le
Seigneur lui-même lui a préparé.
Enfin, au terme du voyage, au moment de rencontrer son
futur époux elle se présente dans une attitude toute empreinte
d’humilité : elle prit son voile et se couvrit.
Isaac
La fin du chapitre 24 ne mentionne plus Abraham. C’est
Isaac qui déjà prend le relais, c’est à lui que le serviteur va rendre compte
de sa mission. On reconnaît chez lui l’homme de Dieu. Il est allé au puits de
Lachaï roï (du vivant qui me voit) là où Dieu était apparu à Agar, sans doute
parce que lui aussi cherchait ce contact personnel avec le Dieu vivant.
Maintenant on le trouve dans les champs, non en train de guetter avec
impatience l’arrivée de la caravane qui doit lui amener sa fiancée, mais en
train de méditer, d’élever son âme vers le Seigneur, de repasser dans son cœur
ce qu’il a déjà expérimenté avec lui, ce qu’il connaît de sa bonté, de sa
fidélité.
Au récit que lui fait le serviteur, lui aussi paraît
convaincu que Rebecca est l’épouse que Dieu lui-même a choisie pour lui. Il ne
discute pas ce choix. Il accueille la jeune femme et décide de lui donner la
tente de sa mère alors qu’il ressent encore douloureusement sa disparition. Il
accepte ainsi de tourner la page, de ne plus vivre dans le passé, de prendre un
nouveau départ. Il choisit délibérément d’aimer celle que le Seigneur lui a
donnée, et c’est ainsi qu’il va trouver consolation et apaisement.
L’apparition de Rebecca dans la vie d’Isaac ressemble un
peu à celle d’Eve dans la vie d’Adam. Cette femme surgie sans préambule dans
son existence selon le plan souverain de Dieu, va devenir le vis-à-vis
privilégié, l’autre soi-même, pour tout le restant de ses jours.
Comment ne pas s’interroger sur nos conceptions
erronées du mariage et de l’amour ? Ce passage ne nous enseigne-t-il pas
que lorsqu’on donne la priorité à la volonté de Dieu sur nos sentiments et nos
attirances charnelles, tout le reste prend sa juste place et l’on ne peut qu’en
sortir gagnant ? Pour nous comme pour Isaac, l’amour est un choix, une décision de notre volonté qu’on
renouvelle quotidiennement et qu’on traduit en actes en vue du bien et de
l’épanouissement de l’autre.
La valeur typologique de ce chapitre.
L’étude des différents personnages mis en scène dans
cette histoire nous a fourni matière à méditation et donné des pistes
d’applications pratiques dans nos vies. Mais nous en trouverons d’autres encore
en recherchant les similitudes que ce passage renferme avec notre dispensation
actuelle.
La figure d’Abraham, le patriarche, qui domine la
situation et orchestre le déroulement des évènements évoque Dieu le Père,
soucieux que son fils ait une épouse et une postérité et mettant tout en œuvre
pour atteindre ce but.
Isaac, son fils, qui, a été offert en sacrifice sur le
Mont Morija où il est symboliquement mort et ressuscité est une image frappante
de Jésus Christ.
Rebecca qui va devenir l’épouse du fils représente
l’église :
Paul écrit à l’église de Corinthe :
Car je suis jaloux de vous d'une jalousie de Dieu,
parce que je vous ai fiancés à un seul époux, pour vous présenter à
Christ comme une vierge pure.
Apocalypse 19/7
Réjouissons-nous et soyons dans
l'allégresse, et donnons-lui gloire ; car les noces de l'agneau sont venues, et
son épouse s'est préparée, et il lui a été donné de se revêtir d'un fin
lin, éclatant, pur. Car le fin lin, ce sont les oeuvres justes des saints.
Le mariage de Rebecca avec
Isaac, image des noces de l’Agneau nous parle donc du salut. Pour y parvenir,
l’âme qui reçoit l’invitation doit comme Rebecca :
-
Répondre
personnellement et de son plein gré à l’appel : « que
faut-il que je fasse pour être sauvé, crois au Seigneur Jésus »
Actes16/31
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Accepter
avec foi : « heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru »
Jean 20/29 ; Jésus que vous aimez sans l'avoir vu, en
qui vous croyez sans le voir encore, vous réjouissant d'une joie ineffable et
glorieuse, parce que vous obtiendrez le salut de vos âmes
pour prix de votre foi. 1 Pierre 1/8
-
Vivre
une rupture radicale avec le passé : Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle
créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues
nouvelles. 2Corinthiens
5:17 En vérité, en vérité, je
te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. Jean 3/3
-
Entrer
dans une nouvelle famille : vous n'êtes plus des étrangers, ni des gens du dehors ; mais vous êtes concitoyens des
saints, gens de la maison de Dieu. Ephésiens 2/19
-
Entreprendre
sans tarder le voyage qui lui est proposé : Et maintenant,
que tardes-tu ?
Lève-toi, sois baptisé, et lavé de tes péchés, en invoquant le nom du Seigneur.
Actes 22/7
-
Faire
confiance au Saint Esprit pour l’amener jusqu’à son époux divin : Car c'est en espérance que nous sommes sauvés. Or, l'espérance qu'on voit n'est plus espérance : ce qu'on voit, peut-on l'espérer encore ?
Rom
8/24 Je suis persuadé que celui qui a
commencé en vous cette bonne oeuvre la rendra
parfaite pour le jour
de Jésus Christ Phil 1/6
-
Rendre
grâce à Dieu et se réjouir pour les bénédictions présentes et le glorieux
héritage qui lui est réservé :Rendez grâces au Père, qui vous a
rendus capables d'avoir part à l'héritage des saints dans la lumière Col 1/12
Mais qui va aller chercher
cette épouse si loin de son époux pour l’amener vers lui afin qu’elle lui soit
indissociablement unie pour toujours ?
Jésus qui est venu une fois
sur la terre ne viendra pas lui-même la chercher. Elle sera enlevée à sa
rencontre dans les airs :
nous serons tous ensemble enlevés avec eux sur des
nuées, à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons toujours
avec le Seigneur.
On peut dire en premier lieu
que le serviteur fidèle, c’est le Saint Esprit, car c’est lui convainc :
Et quand il (le Saint Esprit) sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la
justice, et le jugement.
C’est aussi lui qui nous
parle de la part de Dieu et nous guide dans le désert de notre vie ici bas pour
nous faire parvenir à bon port :
Quand le consolateur sera venu, l'Esprit de vérité,
il vous conduira dans toute la vérité ; car il ne
parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et il vous
annoncera les choses à venir.
Mais il est clair dans tout
le Nouveau Testament, que Dieu nous a choisis, nous, ses rachetés, afin que
remplis de son Esprit qui habite en nous, nous allions vers ceux qui par leur
péché sont encore loin de sa grâce et que nous leur adressions l’appel du Père
à faire partie de l’épouse de Christ.
Matthieu 28/20Allez, faites de toutes les nations des disciples
Marc 16/15-16
Puis il leur dit : Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle
à toute la création.
Celui qui croira et qui sera
baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné.
Mais vous recevrez une puissance, le Saint Esprit
survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée,
dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre.