VIE DE L'APÔTRE PAUL XII


VIE DE L’APÔTRE PAUL
Troisième voyage missionnaire (suite II)

Actes 20/1-4

La paix est revenue à Ephèse. Mais Paul comprend qu’il est temps pour lui de poursuivre sa route. Auparavant il va prendre soin d’exhorter les disciples qu’il laisse derrière lui afin qu’après son départ, ils restent fermes dans la foi qu’ils ont reçue. Notons que c’est pendant son séjour à Ephèse que Paul a écrit sa première lettre aux Corinthiens dans laquelle il développe la vérité sur l’église de façon grandiose.
 On voit ensuite Paul parcourir la Macédoine, puis la Grèce en encourageant les nouveaux croyants. Au cours des trois mois passés dans cette dernière contrée, il écrira l’épître aux Romains qui établit les grands fondements de la grâce par laquelle sont justifiés juifs  et gentils sans discrimination. Paul y fait part aussi à ses destinataires de son ardent désir de leur rendre visite, car il a entendu parler de ces chrétiens de Rome mais ne les connaît pas encore. Rom 1/7-12. On découvrira que Dieu avait un plan à ce sujet ; il le dévoilera plus tard à son serviteur.
L’apôtre, tout en étant prêt à affronter tous les dangers pour remplir le ministère que Dieu lui a confié (ainsi qu’il l’a montré bien souvent) sait aussi user de sagesse et adapter ses projets en fonction des circonstances : il lui parait risqué, vue l’attitude des juifs, de s’embarquer directement pour la Syrie ; il choisit donc de faire le détour par la Macédoine. Cette sagesse et cette faculté d’adaptation doivent nous servir d’exemples.
Comme par le passé, Paul est accompagné de collaborateurs, mais il semble que l’équipe s’étoffe de plus en plus. Composée d’au moins 7 hommes d’origines très variées, elle devait connaître à la fois la richesse de cette diversité et les difficultés qu’on rencontre en pareil cas pour construire et maintenir l’unité. Mais Luc n’en fait pas état. Il émane de son récit l’impression d’une parfaite cohésion. Ces frères pour lesquels l’apôtre nourrissait une grande affection, non seulement aidaient de diverses manières dans l’œuvre de Dieu mais également étaient formés, nourris de l’enseignement que Paul dispensait. Quand il sera emprisonné, Paul pourra compter sur eux et son cœur en sera réconforté. Parmi eux citons : Aristarque : il a été malmené à Ephèse dans l’émeute des orfèvres,(19/29) ; il accompagne Paul prisonnier, dans son voyage vers Rome (Actes 27/2) Paul l’appelle son compagnon de captivité (Col 4/10) Tychique : par deux fois Paul l’appelle le bien-aimé frère et fidèle ministre (Eph 6/21 ; Col 4/7) Il l’envoie à Ephèse pendant qu’il est lui-même en prison.. ;
 

Troas Actes 20/5-12

Luc signale à nouveau discrètement sa présence aux côtés de Paul par l’emploi du pronom « nous ». Le séjour à Troas ne va pas être bien long, sept jours, mais suffisamment pour pouvoir participer, avec l’église locale à la fraction du pain dont on sait qu’à l’époque elle se pratiquait au cours d’un repas. On remarque que cette célébration a lieu le premier jour de la semaine c'est-à-dire le dimanche. L’ habitude de se réunir ce jour là se remarque déjà immédiatement après la mort de Jésus. (Jean 20/19) Ce n’était pas un jour férié (comme l’était le sabbat) ; c’est sans doute ce qui explique que les croyants se réunissaient le soir, après leur journée de travail. Les chrétiens d’origine juive continuaient à se rendre à la synagogue le samedi comme le faisait Paul pour partager avec ceux de sa nation le message de l’évangile, mais le premier jour de la semaine était manifestement un jour spécial pour l’église de Jésus-Christ. (voir aussi 1 Cor 16/2 ; Apo 1/10)

Dans cette réunion à Troas, Paul a à cœur de laisser un enseignement solide et complet à l’église locale. L’auteur précise : « nous étions assemblés » et Paul leur fit un discours ». Il sait qu’il dispose de peu de temps, que l’occasion qui lui est offerte ce soir là ne se représentera peut-être plus alors il l’utilise au maximum.

Le sommeil d’Eutychus se comprend en raison de l’heure tardive, de la longueur du discours de Paul, de l’odeur d’huile et de la fumée que devaient dégager les nombreuses lampes allumées. Le jeune homme tombe du troisième étage, entraîné dans son sommeil et on le retrouve mort. C’est Luc qui l’affirme. Il est médecin et a du s’assurer que le décès était avéré. Mais Paul intervient : il ne prie pas, il n’impose pas les mains mais il prononce une parole de connaissance « son âme est en lui ». L’autorité qui se dégage de cette affirmation inspirée s’impose apparemment à tous au point que la réunion reprend là où elle s’était interrompue, comme si rien ne s’était passé. L’ordre dans lequel Luc relate les évènements semble suggérer qu’Eutychus n’a vraiment repris vie qu’après le départ de Paul ! Quoiqu’il en soit on reste impressionné par la paix qui se dégage de cette scène. Sachons nous aussi entendre la parole de Jésus dans les temps d’épreuve : « que votre cœur ne se trouble pas » Jean 14/7 et nous laisser remplir de sa paix alors même que l’intervention de Dieu n’est pas encore visible simplement en comptant sur ses promesses.

 

Milet Actes 20/13 à 38

Après avoir quitté Troas, toute l’équipe se dirige vers le sud en direction de Jérusalem où Paul désire se trouver pour célébrer la fête de la Pentecôte. Luc qui est du voyage nous en indique toutes les étapes ce qui nous permet de les suivre avec précision. Pour la première partie Paul préfère aller à pied tandis que ses collaborateurs prennent le bateau. Peut-être ressent-il le besoin de jouir de ces temps de solitude avec Dieu pour comprendre et accepter sa parfaite volonté en vue des circonstances qui s’approchent et s’annoncent difficiles. Jésus aussi prenait par moments des temps à l’écart, loin de ses disciples et des foules pour se retrouver seul face à face avec son Père Céleste et cela d’autant plus que se rapprochait l’échéance de la croix. Ne nous sentons nous pas aussi interpellés, au milieu de nos vies trépidantes où tout semble aller toujours plus vite, encore plus vite comme dans un tourbillon. Ephésiens 5/16 nous avertit : rachetez le temps car les jours sont mauvais. Comment trouverons- nous la force de tenir ferme au moment de l’épreuve et de ne pas dévier de la route que le Seigneur nous a tracée si nous avons négligé de nous ressourcer dans la présence de Celui qui nous fortifie.

Arrivés à Milet, Paul qui ne veut pas perdre de temps sur le programme qu’il s’est fixé renonce à aller visiter l’église d’Ephèse mais il envoie chercher les anciens à qui il a encore des choses importantes à communiquer. Le discours qu’il prononce à leur intention est à la fois touchant et puissamment édifiant. Il vaut la peine de s’y attarder un peu.
Du verset 18 au v 21 il rappelle les caractéristiques de son ministère parmi eux : on y retrouve son cœur de serviteur . Il ne s’est jamais imposé comme LE GRAND APÔTRE qu’on devait encenser au contraire il était plein d’humilité, d’un amour pour les âmes qui lui faisait verser des larmes (il parle dans son épître aux Galates des douleurs de l’enfantement qu’il ressentait jusqu’à ce que l’œuvre du Seigneur soit solidement établie dans les cœurs), plein de patience et d’endurance aussi au milieu de l’opposition. On remarque de même sa fidélité. Si certains ont coutume d’édulcorer le message qu’ils diffusent pour ne pas nuire à leur popularité, ce n’est pas le cas de Paul. Il affirme la tête haute qu’il n’a rien caché de ce qui leur était utile. Il n’a pas non plus ménagé sa peine saisissant toutes les occasions, en public comme en privé, ne négligeant pas d’aller à la rencontre des gens dans leur contexte quotidien pour présenter l’évangile de la façon la plus concrète possible. C’est le même apôtre qui écrira plus tard à Timothée : Prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non, reprends, censure, exhorte avec douceur et en instruisant. (2 Timothée 4/2) En lisant ces conseils, le jeune disciple ne pouvait pas manquer de se souvenir de tout ce dont il avait été témoin aux côtés de son père spirituel. Ce n’était pas de la théorie mais de l’expérience très concrètement vécue. Enfin le contenu de son message était clair, le même pour tous, juifs et non-juifs : la repentance envers Dieu et la foi au Seigneur Jésus Christ . Faut-il une nouvelle fois rappeler qu’il ne suffit pas de mettre sa foi dans le « sauveur » Jésus Christ mais de le reconnaître comme Seigneur, de lui soumettre sa vie toute entière, le contrôle sur ses pensées, ses décisions, ses émotions, son mode de vie ? c’est aussi ce que signifie l’expression « Royaume de Dieu utilisée un peu plus loin. Paul l’exprimait ainsi : «J’ai été crucifié avec Christ et si je vis ce n’est plus moi qui vit : c’est Christ qui vit en moi » (Gal 2/20)
Dans les versets 22 à 24, Paul annonce à ses auditeurs les tribulations dont le Seigneur l’a averti. La menace qui pèse au dessus de sa tête reste indéfinie mais elle laisse le courageux serviteur de Dieu serein. « Je ne fais pour moi-même aucun cas de ma vie comme si elle m’était précieuse » affirme-t-il. Pourrions nous en dire autant ? Ce qui est certain en tout cas, c’est que le Dieu fidèle qui a veillé sur Paul pas à pas, l’avertissant, le soutenant, l’encourageant, le protégeant, sera aussi le même envers tous ceux qui se confient en Lui.
A partir du verset 25, le discours prend la tonalité d’un testament spirituel plein d’affection et de solennité. Il souligne la nécessité de veiller en raison des dangers qui menacent l’église de Dieu. Cette église est infiniment précieuse aux yeux du Seigneur car il se l’est acquise par son propre sang c’est pourquoi les responsables doivent veiller non seulement sur eux mêmes mais sur tout le troupeau. Leur rôle n’est pas de s’accaparer les âmes mais de leur apporter la nourriture saine et équilibrée qui leur permettra d’être fortes face aux agressions à venir : loups cruels, enseignants pernicieux. Prenez garde, veillez répète l’apôtre. On ne peut être plus insistant. Si Paul a mentionné la grande valeur qu’a l’église pour le Seigneur, il ne manque pas d’affirmer aussi la grande valeur qu’elle a pour lui qui pendant trois années n’a cessé d’exhorter avec larmes chacun de ses frères en la foi.
Il conclut à partir du verset 32 en confiant cette église et ses responsables à la grâce toute Puissante de Dieu car notre grande ressource est en lui et non dans l’homme limité et faillible. Cependant il donne une dernière mise en garde quant à la cupidité et la tentation de recherche d’un intérêt personnel. Une fois encore son exhortation est basée sur l’exemple qu’il a lui-même donné. Par trois fois, il affirme « vous savez » car s’il est contraint malgré sa grande humilité, de se donner lui-même en exemple, ceux qui l’ont vu vivre et agir sont témoins de la véracité de ce qu’il dit et les actes, on le sait ont une force de conviction qui dépasse de beaucoup celle des paroles.

Quelle est touchante la fin de ce chapitre ! Représentons nous Paul , ses compagnons et les anciens de l’église d’Ephèse, à genoux sur le rivage, priant les uns pour les autres, puis s’embrassant ( littéralement : couvrant Paul de baisers) et pleurant dans de douloureux adieux. C’est cela la réalité de la famille de Dieu, unie par un lien d’amour si fort que tous communient dans un même sentiment.
Pourtant n’y a-t-il pas lieu d’être quelque peu étonné du sujet de leur affliction : affligés surtout de ce qu'il avait dit qu'ils ne verraient plus son visage.(v38) tandis qu’ils ne semblent pas inquiets outre mesure de cette annonce de l’apôtre : Je sais qu'il s'introduira parmi vous, après mon départ, des loups cruels qui n'épargneront pas le troupeau, et qu'il s'élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner les disciples après eux.(v 29-30). A Méditer…

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