VIE DE L’APÔTRE PAUL -XVI -

VIE DE L’APÔTRE PAUL
Quatrième voyage (suite)

La comparution devant Félix

L’accusation

Elle est composée du souverain sacrificateur Ananias en personne, qui a jugé l’affaire suffisamment importante pour se déplacer lui-même jusqu’à Césarée, des anciens, et un orateur nommé Tertulle. Son nom indique son origine romaine. Ses talents et son origine l’ont fait choisir par les juifs dans l’espoir d’obtenir plus aisément une condamnation de Paul.

La défense

Le contraste est flagrant. Paul est seul pour défendre sa cause, du moins aux yeux humains car en vérité, Dieu est avec lui et il ne fait aucun doute que ses interventions sont plus efficaces que celles du meilleur des avocats. « Celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde »

La plaidoirie de Tertulle.
L’introduction est une avalanche de flatteries hypocrites. Selon Tacite, historien romain, Félix a accumulé débauches et cruautés. Selon Flavius Josèphe, historien juif, il a été marié trois fois ; quant à Drusille, mentionnée à la fin du chapitre, il l’a fait divorcer pour pouvoir l’épouser. Il aurait même payé des tueurs à gages pour faire assassiner le Grand Prêtre Jonathan et il a réprimé durement avec ses soldats, des émeutes à Césarée. On est donc bien loin de la paix profonde, des salutaires réformes et des soins prévoyants qui selon Tertulle remplissent les juifs de gratitude.
Viennent ensuite les chefs d’accusation. On en relève quatre :
- cet homme est une peste. C’est vraiment vague et subjectif. A partir de quels éléments l’affuble-t-on de ce qualificatif ?
- il excite des divisions parmi tous les juifs du monde. C’est une accusation mensongère. Quand il y a eu des émeutes, c’étaient les juifs qui les avaient initiées. Paul n’a jamais excité des divisions. Chaque fois qu’un désaccord naissait, il s’est retiré
- il est le chef de la secte des Nazaréens. Jamais ce qu’ils appellent la secte des Nazaréens n’a eu de chef et Paul ne fait pas même partie, à l’époque, des personnages les plus éminents, ce seraient plutôt Jacques et Pierre.
- il a tenté de profané le temple. Ce sont des juifs d’Asie qui, à la base, ont prétendu cela. Mais là, ils brillent par leur absence et Tertulle répète ce qu’il a entendu dire sans pouvoir fournir de preuve.
            Mais il n’est pas à un mensonge prêt et il va jusqu’à accuser le tribun Lysias de violence… C’est le comble !
Et tous les juifs confirment ces déclarations sans fondement.

La réponse de Paul :

Il ne prend la parole que lorsqu’il y est invité. Sonintroduction contraste avec celle de Tertulle par sa sobriété. Paul ne flatte pas, il ne prononce pas même de jugement de valeur sur Félix. Il reconnaît juste sa fonction et s’attend à ce qu’il l’exerce correctement. Son attitude évoque ce que disait Elihu à Job et à ses 4 amis :
Je n'aurai point égard à l'apparence, Et je ne flatterai personne ;Car je ne sais pas flatter : Mon créateur m'enlèverait bien vite. Job 32 :21
En effet, la flatterie est une sorte de mensonge et Dieu veut que ses enfants marchent dans la vérité.
                Il prend le contre-pied des accusations de division et de profanation avec des détails : je ne suis à Jérusalem que depuis 12 jours ; on ne m’a trouvé ni dans le temple, ni dans la synagogue, ni dans la ville en train de discuter ou de provoquer des mouvements de foule. Quand on accuse, il faut donner des preuves…
                Quant à l’accusation d’être chef de la secte des Nazaréens, Paul va s’en servir de tremplin pour rendre une nouvelle fois témoignage de sa foi : je t’avoue bien que je sers le Dieu de mes pères selon la voie qu’ils appelle une secte…ayant en Dieu cette espérance, comme ils l'ont eux-mêmes, qu'il y aura une résurrection des justes et des injustes.(v14-15) Mais cette espérance produit d’autres fruits dans sa vie que dans celle des pharisiens : C'est pourquoi je m'efforce d'avoir constamment une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes. Aucun de ceux qui l’écoutent ne peut en dire autant.
                Paul précise qu’il est venu à Jérusalem pour faire des aumônes à sa nation. C’est tout le contraire du comportement d’un fauteur de trouble, d’un meneur de sédition…
                Il s’étonne que les juifs d’Asie, ceux qui à l’origine, ont mis le feu aux poudres, ne soient pas là pour préciser ce qu’ils ont à lui reprocher.
                Par contre parmi ceux qui sont là, plusieurs ont assisté à la comparution devant le sanhédrin à Jérusalem. Mais ils se taisent. Ils sont bien incapables de préciser quel crime le prévenu a commis. Ils ne font que suivre aveuglément la déclaration de Tertulle comme des moutons de Panurge.


La réaction de Félix       
Tout laisse à penser qu’il est convaincu de l’innocence de Paul. Pourquoi ne le déclare-t-il pas ouvertement? C’est qu’il est à la fois juge et gouverneur. Il ne veut pas prendre le risque d’offenser les principaux des juifs, ce qui lui importe par-dessus tout, ce sont ses intérêts. Alors il se saisit d’un élément apparu dans la plaidoirie de Tertulle. Il a été question de Lysias. Voilà un témoin qu’il serait important d’entendre. Ca permet de gagner du temps. Il ajourne donc le procès sine die tout en traitant le prisonnier avec une certaine bienveillance, et cela indique bien qu’il considère sa privation de liberté injustifiée. Néanmoins, nous pouvons y voir aussi la fidélité de Dieu qui prend soin de son  serviteur.
                Cependant cet homme intrigue le gouverneur ; il veut en savoir plus. Et quelques jours, après il le fait appeler. Il ne s’agit plus, cette fois d’une comparution devant un tribunal. Félix veut comprendre pourquoi cet homme est si différent des autres, pourquoi lorsqu’il a été pris à partie avec tant de virulence, il a répondu avec une telle sérénité ainsi qu’une telle assurance. Paul, à son habitude saisit l’occasion de parler de ce qui remplit son cœur et sa vie : la foi en Christ c'est-à-dire la justice, la tempérance et le jugement à venir. En effet ces trois thèmes résument bien tout l’évangile. La justice ne peut être obtenue que par le sacrifice parfait de Jésus au moyen de la foi, la tempérance est le fruit de l’Esprit, caractéristique d’une réelle nouvelle naissance, le jugement à venir échéance certaine pour tout être humain doit pousser les uns à se réconcilier avec Dieu, les autres à se garder purs des souillures du monde. Paul est conscient qu’il a une occasion sans doute unique d’annoncer la voix du salut à ce couple. Il ne s’agit plus pour lui de se défendre contre ses accusateurs mais de conduire à Christ ses auditeurs. Et l’Esprit de Dieu est à l’œuvre à travers les paroles qu’il prononce. Félix est effrayé et cela doit se voir pour que Luc le mentionne si clairement. Pourquoi ? Il se sent sûrement repris dans sa conscience. Il sait que sa conduite ne lui permet pas d’envisager le jugement à venir sereinement. Mais il résiste à l’appel de Dieu, il ne veut pas se repentir et changer de vie, il préfère renvoyer Paul et remettre à plus tard l’occasion qui lui est offerte d’être sauvé. Pourtant, bien qu’il ait revu Paul plusieurs fois par la suite, il ne s’est jamais laissé toucher par la grâce de Dieu au cours des deux années pendant lesquelles il a été en contact avec lui. Quelle tragédie ! Les motivations principales qui l’animent et décident de ses actes nous sont soulignées dans le texte biblique : l’amour de l’argent et la popularité. Finalement ce sont là ses dieux!
Souvenons-nous des paroles de Paul à Timothée : Ceux qui veulent s'enrichir tombent dans la tentation, dans le piège, et dans beaucoup de désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition.
Car l'amour de l'argent est une racine de tous les maux ; et quelques-uns, en étant possédés, se sont égarés loin de la foi, et se sont jetés eux-mêmes dans bien des tourments. (1 Tim 6 :9-10)
aussi aux Colossiens : la cupidité est une idolâtrie (Col 3 :5).

Par certains côtés, Félix ressemble au roi Hérode qui aimait s’entretenir avec Jean mais ne s’est jamais décidé à se repentir, à tourner le dos à sa vie de péché.

Il est de notre responsabilité de dire à ceux qui écoutent le message du salut sans se décider : Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, N'endurcissez pas vos cœurs (Hébreux 3 :15) Car le temps de Dieu c’est aujourd’hui : Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut.(2 Cor 6 :2)

On constate dans l’histoire de Félix, comme ce fut le cas pour Hérode, que pour avoir résisté à l’Esprit de Dieu au moment favorable, son cœur s’est endurci jusqu’à devenir totalement imperméable au message de la grâce de Dieu. Que Dieu nous aide à obéir quand il nous parle, à saisir les occasions qu’il place devant nous car le temps ne nous appartient pas.


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